MER : Retour sur le stage de sécurité en kayak de mer

Article publié le 25/07/2022

Il y a une certaine époque – bien lointaine et que je n’ai guère connue ! – on avait coutume de dire que l’esquimautage était apparenté à un numéro de cirque dont certains abusaient pour montrer « qu’ils savaient… ». D’autres préféraient sortir le kayak uniquement par beau temps avec un vent de type pétole, la mer en miroir (comme les œufs au plat sur les crêpes), en évitant les courants et parfois, en suivant le trait de côte afin de pouvoir revenir à la nage vers celui-ci : alors, adieu le matériel ! D’ailleurs à ce propos, j’avais lu, il y a une vingtaine d’années (peut être plus !), le récit d’une personne qui naviguait seule et au plus proche de la côte, à en toucher le caillou. Dans la continuité, il expliquait qu’il n’était pas très à l’aise sur l’eau mais surtout qu’il ne savait pas nager. Alors, je sais bien que les jeunes d’antan vont me dire : « Tu provoques fort Joël ». Oui, un peu, c’est vrai, mais… juste un peu !

Depuis toutes ces années, la sécurité en kayak de mer n’a pas cessé de progresser. Elle s’est installée dans notre pratique par la réflexion, l’expérience, la technique, les échanges et la motivation de chacun pour mieux comprendre le kayak de mer et ses contraintes. La pratique est devenue plus responsable et engagée sur tous ces aspects de la sécurité. Il suffit d’observer l’offre des prestataires du milieu, la politique de formation mise en place par les clubs et les régions, la volonté des associations pour faire grimper le niveau de pratique pour s’en rendre compte.

Pour revenir à nos chers moutons, le stage de sécurité organisé en Bretagne du 21 et 22 mai 2022, nous étions 35 personnes présentes et représentées par trois structures : TGKM (Trégor Goëlo Kayak de Mer), le club de la Roche Derrien et le club de Nunivak (Henvic). Nous étions hébergés au gîte de Lanmodez où l’accueil de Chantal et de Romane est toujours agréable et de qualité. Ce stage de sécurité (le deuxième de la série ) était animé par une petite équipe bien motivée de huit personnes : un grand merci pour votre aide ! Le site magnifique de l’archipel de Bréhat a été – en partie – notre terrain de jeux pour l’ensemble des démonstrations et des exercices que nous avons proposés. Inspiré des stages techniques et de sécurité que je suis amené à organiser par ailleurs, le plan d’organisation de ces deux jours était construit de manière progressive afin que chacun puisse prendre confiance dans les mises en situation et qui sont devenus plus complexes la deuxième journée. Bien évidemment, nous avons aussi utilisé l’excellente référence en la matière : le site « Kayakalo » de Guy et de Vero pour la partie sécurité (Sécurité et sauvetage en kayak de mer (kayakalo.fr)).

Pendant ces deux journées, nous avons pu travailler sur différents thèmes liés à la sécurité en kayak de mer et notamment,

• Les déplacements sur l’eau (précisions, rapidité et placements efficace)
• Les remorquages simples et les remorquage complexes
• Le remorquage d’une personne en détresse (malaise, perte de conscience, hypothermie)
• Les remorquages alternatifs, couché sur le kayak, tête-bêche, à plusieurs
• Les remorquages à plusieurs avec le « Chien fou »
• Les récupérations dans différentes situations
• La récupération à la l’aide de la main : « la main de Dieu »
• La récupération : crochetage du pied
• La récupération par le gilet
• La récupération dans les rochers
• La remontée dans le kayak au paddle-float ou style cow-boy
• La récupération collective à plusieurs dans l’eau
• Mise en situation d’hypothermie et gestion de l’incident
• Récupération d’une personne en hypothermie en la mettant sur le pont avant ou arrière
• Vider son kayak à deux mais en restant placé derrière un kayakiste
• Travail sur les appuis : en poussée (méthode du gorille), en suspension (dans certains cas rendus nécessaires) : navigation dans les vagues, le surf …
• La « Zen attitude » : recherche de l’aisance dans l’eau, étendu sur l’eau, demi-esquimautage, appui en godille, …
• Démonstrations par l’équipe d’animation et pédagogie spécifique à l’organisation
• …

Certains exercices ont été particulièrement prisés comme la récupération avec la main, appelée la « Main de Dieu » qui permet de remonter une personne dans son kayak très rapidement afin d’éviter le refroidissement ou encore dans des situations colériques de la mer. J’ignore d’où vient ce nom, c’est Vincent (Achard) qui me l’a apprise (la récupération) et c’est Amir un copain kayakiste (passionné par les récupérations) qui l’utilise à tout va. Ce qui est certain, c’est que si Dieu existe, il peut fournir un petit effort pour nous faciliter le travail et prêter son nom à cette méthode très efficace et rapide !

On retiendra aussi les différents systèmes pour coupler les kayaks ensemble avec bien évidemment l’assurance de pouvoir libérer rapidement ceux-ci par des nœuds différents (nœud gansé, demi-cabestan gansé et bien d’autres) avec des rappels adaptés.

Le remorquage avec le « Chien fou » qui sort un peu du groupe de remorqueurs (deux ou trois, voire plus) afin de voir le remorquage dans son ensemble et de communiquer les informations de l’avant à l’arrière. Lors d’une mer encore une fois colérique et avec beaucoup de vent, cela est très efficace pour communiquer sur l’action en cours.

Alors pour terminer ce retour d’expérience, j’ai beaucoup apprécié l’investissement de chacun sur un sujet sensible de la sécurité en kayak de mer et le partage entre les différentes structures. J’ai eu l’occasion en juin dernier d’intervenir pour une association italienne de kayakistes (en Sardaigne) « Sottocosta », sur un ensemble d’exercices de sécurité avec l’aide de Yannick (Alpine Paddle) pour la traduction. C’était un très beau moment de partage et d’échanges d’expériences sur la sécurité en kayak de mer. Nous avons tous le même objectif : la sécurité en kayak de mer et sur la mer.

Profitez bien de cet été et surtout, soyez prudent. Au plaisir de se retrouver sur l’eau.